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Bénédiction des couples de même sexe : décidément, le courant progressiste ne passe pas en Afrique

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Bénédiction des couples de même sexe : décidément, le courant progressiste ne passe pas en Afrique

Comme nous l’avons rapporté aussitôt ici(1), ce 18 décembre, le Vatican a publié la « Déclaration Fiducia Supplicans sur la signification pastorale des bénédictions »(2). En bref, la presse retient qu’elle autorise « la bénédiction des couples de même sexe et  “en situation irrégulière” pour l’Église, une première, tout en restant ferme sur son opposition au mariage homosexuel. »

Ce texte, émis par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, suscite un trouble profond et une vive polémique au sein de l’Église universelle. De plus, cette ouverture apparente aux idéologies progressistes est perçue opportunément par des non croyants et des anti cléricaux, y compris toutes les variantes de la communauté LGBTQ+, idéologies alternatives d’une non-binarité « gender fluid » qui ne manqueront pas également de réclamer leur bénédiction, par provocation, comme un affaissement de la théologie morale ; une faille à exploiter dans l’armure doctrinale du Vatican. Plus qu’ailleurs, les Églises d’Afrique, qui jouent encore un rôle conservateur des traditions et stabilisateur des populations, ont aussitôt réagi, avec prudence puis défiance.

Dès le lendemain de sa publication et « eu égard aux très nombreuses réactions »(1), l’Archevêché d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, avait jugé nécessaire et urgent de diffuser la recommandation expresse « d’ATTENDRE et de SE CONFORMER aux Dispositions de son Éminence Jean-Pierre cardinal Kutwa, Archevêque d’Abidjan […] »

Deux jours plus tard, l’Église du Cameroun a pris formellement position pour interdire les bénédictions en question.

En effet, la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC), dans une Déclaration en neuf points des Évêques du Cameroun sur l’homosexualité et sur la bénédiction des couples homosexuels(3), rappelle la condamnation théologique et morale de l’homosexualité en se fondant sur les textes sacrés :
« La personne humaine est créée homme et femme. Homme et femme, il les créa (Gn 1, 26). » ;
« De fait, l’homosexualité oppose l’humanité à elle-même et la détruit. » ;
« Des rapports contre nature (Rm 1, 26) » ;
« L’union homosexuelle n’est pas un mariage. Elle fausse le sens du mariage en le réduisant à un lien stérile, hédoniste et pervers : L’infamie d’homme à homme (Rm 1,26). » ;
« L’homosexualité n’est pas un droit de la personne humaine. Mais une aliénation qui nuit gravement à l’humanité parce qu’elle n’est fondée sur aucune valeur propre à l’être humain : c’est une déshumanisation de l’amour, une abomination (Lev 18,22) » ;
« Un choix et une pratique de vie qui ne peuvent être reconnus comme étant objectivement ordonnés aux desseins révélés de Dieu. » ;
« La tradition ecclésiale qui déclare intrinsèquement désordonnés et contraires à la loi naturelle les actes d’homosexualité (Catéchisme de l’Église Catholique n. 2357) » ;
« Par conséquent, nous interdisons formellement toutes bénédictions des couples homosexuels dans l’Église du Cameroun ».

Enfin, le texte conclut : « Étant donné que Dieu ne veut pas la mort du pêcheur, mais sa conversion pour la vie éternelle, nous recommandons ceux qui sont enclins à l’homosexualité, à la prière et à la compassion de l’Église, en vue de leur conversion radicale. Nous les invitons aussi à sortir de leur mentalité de victimisation dans laquelle ils se complaisent à se considérer comme victimes, faibles, minorités ; afin de saisir l’occasion de conversion que Dieu leur donne dans les multiples interpellations de sa Parole. »

 

Position Eglise du Cameroun sur la benediction des couples homosexuels Position Eglise du Cameroun sur la benediction des couples homosexuels
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Nous avons déjà alerté ici(1) d’une tentative récente et croissante de nouvelle colonisation de l’Afrique, de nature progressiste, par les États-Unis et leurs affidés européens, dont la France. Cette vague idéologique, conçue comme offensive et perçue comme offensante, utilise tous les moyens pour s’imposer. D’où la réaction vive des autorités ecclésiastiques africaines face à une Déclaration vaticane teintée de cette influence étrangère hostile aux traditions locales, qui risque d’opposer des communautés conservatrices majoritaires (chrétiens et musulmans d’obédiences diverses, animistes, etc.) au sein de sociétés civiles à la cohésion fragile.

Vu d’Afrique, cette Déclaration universelle, hors contextes, est rejetée
• car elle ne percole pas dans les cultures locales ;
• injuste, car elle traite injustement sur le même plan les « personnes de même sexe » et les « personnes en situation irrégulière » telles que les divorcés remariés, qui s’en différencient par nature ;
• inopportune, car elle crée inutilement des tensions entre catholiques, mais aussi entre catholiques et les autres confessions, toutes conservatrices.

Ainsi, les courants alternatifs exogènes qui prétendent remplacer les courants continus endogènes (cultures, spiritualités, traditions, us et coutumes) créent inutilement des discordes au sein d’une Église catholique fortement concurrencée. On se souvient que Staline, alors maître de l’URSS, demandait « Le Vatican, combien de divisions ? »(3) pour souligner son impuissance militaire. On peut aujourd’hui se poser la même question du point de vue de l’unité au sein de l’Église, de la cohésion autour de son chef terrestre.

Dans une «Note sur la Déclaration Fiducia Supplicans»(4), bienvenue, Pascal Ide, prêtre catholique du diocèse de Paris, médecin, docteur en philosophie et en théologie, nous appelle à trois dispositions pour accueillir pleinement ce texte :
• « Éloignons-nous des excès passionnels, dans un sens comme dans l’autre, mettons-nous à l’écart et accueillons d’un cœur serein ce texte inédit » ;
• « Lisons ce texte comme nous voudrions qu’on lise un texte que nous aurions écrit : dans sa totalité, dans ses nuances, dans ses distinctions. Avec attention et humilité » ;
• « Cette Déclaration requiert d’abord que nous l’accueillions dans la confiance, avant d’en scruter l’enseignement ».
Il conclut par la recommandation « Crois pour comprendre ».

Reconnaissants pour ces conseils bienveillants que nous suivons sincèrement, il parait également légitime et utile pour toute personne raisonnable, croyante ou non, d’appliquer le précepte à rebours « Comprends pour croire ».

Jean-Michel Lavoizard

Lire dans nos colonnes : Bénédiction des couples de même sexe, un geste progressiste qui sème le trouble en Afrique [source]

Déclaration Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions ​ [source]

Lire la Déclaration Fiducia supplicans par Pascal Ide [source]

[NDLR] Notre illustration à la une : la Cathédrale Notre-Dame-des-Victoires de Yaoundé au Cameroun


Aris - Jean-Michel LavoizardJean-Michel Lavoizard est le dirigeant-fondateur de la société ARIS – Advanced Research & Intelligence Services.
Jean-Michel Lavoizard publie également sur Boulevard Voltaire.

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